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Utilisation ciblée de l’huile de poisson : Une analyse des éléments de preuve

Les poissons gras et l’huile de poisson sont les plus riches sources d’acides gras oméga-3 à longue chaine, l’acide eicosapentaénoïque (AEP) et l’acide docosahexaénoïque (ADH). L’ADH est un composant structurel important du cerveau et du système nerveux, tandis que l’AEP est un puissant anti-inflammatoire et un nutriment régulateur de l’humeur. Les produits d’huile de poisson sont devenus plus sophistiqués ces dernières années, avec des variations de leur ratio AEP : ADH, de leur dosage, etc. La recherche suggère que différentes huiles peuvent avoir des effets supérieurs pour des objectifs thérapeutiques spécifiques. Comment détermine-t-on alors la meilleure huile dans un scénario donné ?

Santé cardiovasculaire

Les acides gras omégas 3 ont d’abord gagné en importance pour leurs effets cardioprotecteurs. GISSI, l’étude italienne des patients survivants une crise cardiaque, a été le premier essai d’envergure démontrant la capacité de l’huile de poisson à réduire le risque de mort à la suite d’un infarctus ou d’une crise cardiaque [1]. Dans cette étude, une dose d’un gramme d’AEP + ADH combiné a été administrée aux patients recevant déjà des médicaments standards. Une autre étude du nom de JELIS, cette fois au Japon, a ensuite démontré qu’à une dose plus élevée, environ 2 g d’AEP + ADH combinés, la supplémentation en huile de poisson a également été en mesure d’empêcher un deuxième incident coronarien non fatal [2][3]. À une dose de 2 g combinés d’AEP + ADH, il a également été démontré que l’huile de poisson pouvait réduire considérablement les triglycérides, un composant du profil de cholestérol qui est associé à une santé cardiovasculaire défavorable chez une personne [4].

Inflammation

De nombreux problèmes de santé chroniques sont associés à des niveaux d’inflammation anormalement élevés. Certains d’entre eux comprennent l’arthrite, la douleur chronique, la fibromyalgie, de nombreuses affections cutanées telles que l’exéma et le psoriasis, l’asthme, les maladies inflammatoires de l’intestin telles que la colite ulcéreuse, et la maladie de Crohn. En effet, on pense qu’une partie du processus de formation de la plaque du système cardiovasculaire, l’athérosclérose, est de nature inflammatoire. On pense aussi que la dépression est en partie inflammatoire. Et la liste s’allonge…

L’ADH et l’AEP ont tous deux des effets anti-inflammatoires, mais l’AEP est supérieure à cet égard. Les enzymes cyclooxygénase (COX) et lipoxygénase (LOX) sont responsables du métabolisme de certains acides gras en cytokines spécifiques ou des molécules de signalisation dans le corps [5]. Ces enzymes convertissent l’acide arachidonique (AA), un acide gras oméga-6, en cytokines pro-inflammatoires, les prostaglandines E2 (PGE2) et le leucotriène B4 (LTB4), ce qui favorise en outre l’inflammation. L’ADH et l’AEP sont tous deux des inhibiteurs compétitifs de ces enzymes. Cela signifie qu’ils peuvent rivaliser avec l’acide arachidonique. Plus l’AEP et l’ADH sont absorbés par l’enzyme, moins d’acide arachidonique est absorbé, et donc moins de cytokines pro-inflammatoires sont produites. De cette façon, l’ADH et l’AEP sont capables de neutraliser l’inflammation.

En outre, l’ADH et l’AEP peuvent tous deux être métabolisés en « médiateurs de la résolution de l’inflammation » appelés résolvines, protectines et maresins [6]. L’AEP est également métabolisé en anti-inflammatoires d’espèces eicosanoïdes [6] et semble exercer des effets plus importants sur les voies de la signalisation de l’interféron et de l’expression génétique des effets anti-inflammatoires [7][8]. Par conséquent, l’AEP est considéré comme un anti-inflammatoire plus fort que l’ADH. Le traitement de l’inflammation nécessite un dosage de 2 g d’AEP.

L’humeur

En ce qui concerne l’impact de l’AEP sur l’humeur, il existe maintenant de multiples études et méta-analyses sur les huiles de poisson à propos de la dépression, et d’autres troubles mentaux comme le TDAH [9][10][11][12][13]. Les preuves démontrent clairement que l’AEP, et non l’ADH, est l’oméga-3 efficace en matière de dépression et de TDAH. Sublette et ses collaborateurs ont effectué une méta-analyse de 15 essais comprenant 916 participants [10]. Les chercheurs ont conclu que « les suppléments contenant 60 % et plus d’AEP ont amélioré les scores standardisés de dépression moyenne... [tandis que] les suppléments avec 60 % et moins d’AEP étaient inefficaces » [10].

Dans une méta-analyse de dix essais portant sur 699 enfants atteints de TDAH, les chercheurs ont constaté que la proportion d’AEP contenue dans l’huile de poisson était associée à son efficacité pour le TDAH. Plus précisément, l’huile de poisson plus élevée en AEP était « modestement efficace » [13] par rapport aux traitements pharmaceutiques pour le TDAH. Il a été suggéré qu’« il peut être raisonnable d’utiliser la supplémentation d’acide gras oméga-3 pour améliorer les interventions traditionnelles pharmacologiques ou pour les familles qui refusent d’autres options psychopharmacologiques » [13].

L’AEP peut exercer des effets anti-inflammatoires dans le cerveau, et régule la signalisation cellulaire des cellules, ainsi que le métabolisme du glucose dans le cerveau [14]. Des études démontrent que la supplémentation en AEP peut être équivalente à des inhibiteurs du recaptage sélectif de la sérotonine (ISRS) pour la dépression légère à modérée [15]. Une étude a révélé qu’une supplémentation avec 1000 mg d’AEP était tout aussi efficace que 20 mg de fluoxétine (un ISRS) dans le traitement de la dépression majeure ; cependant, la combinaison d’AEP et de fluoxetine était supérieure que l’un ou l’autre pris seul [15]. Les taux de réponse après quatre semaines étaient d’environ 50 % pour la fluoxétine ou l’AEP, mais ont augmenté à 80 % lorsque les deux ont été combinés. Une dose d’un gramme d’AEP est considérée comme thérapeutique pour le traitement des troubles de l’humeur.

Grossesse

Enfin, la grossesse est un état important où il a été démontré que la supplémentation en huile de poisson comprend des avantages significatifs. L’acide docosahexaénoïque (ADH) est bien connu pour ses effets bénéfiques sur le développement neurologique, où il est un composant majeur de la membrane bicouche phospholipidique des neurones. Au cours du troisième trimestre, il y a une augmentation rapide de la proportion d’acides gras omégas-3 dans le cerveau, la rétine, et le foie du fœtus [16].

Des études suggèrent que la supplémentation en huile de poisson pendant la grossesse améliore les mesures d’intelligence chez les enfants, y compris le processus cognitif, la coordination oculomanuelle, et la résolution de problèmes [17][18][19]. La consommation de poisson pendant la grossesse a été associée à une note plus élevée du QI verbal, du comportement social, de la motricité fine, de la communication, et du développement social [20].

Bien que le rôle de l’AEP soit souvent négligé dans ce cadre, il est un élément nutritif important pour assurer la santé de la mère, en particulier par rapport à l’humeur [10]. L’AEP peut également améliorer l’impact de l’ADH, et pour réguler à la hausse des protéines de transport d’acides gras dans le placenta, augmentant ainsi le transfert de l’ADH du fœtus [21]. Compte tenu de la preuve discutée ci-dessus pour l’humeur, un ratio d’AEP : ADH de 2 : 1 est recommandé pour une supplémentation pendant la grossesse.

Finalement, l’huile de poisson pendant la grossesse réduit le risque de maladie allergène chez les enfants, y compris l’exéma, l’asthme, et les allergies [22]. Une supplémentation entre 2 à 4 g d’AEP et d’ADH combinés a été associée à une augmentation du nombre de cellules T régulatrices; les cellules impliquées dans une réponse immunitaire modératrice suractivée [23]. La supplémentation d’huile de poisson a été associée à une diminution de
l’incidence d’allergie alimentaire et d’exéma,
et une réduction du risque d’asthme à l’âge
de 16 ans [24].

 

Références

  1. Aucun autheur mentionné. “Dietary supplementation with n-3 polyunsaturated fatty acids and vitamin E after myocardial infarction: results of the GISSI-Prevenzione trial. Gruppo Italiano per lo Studio della Sopravvivenza nell'Infarto miocardico.” Lancet Vol. 354, No. 9177 (1999): 447–455.
  2. Mozaffarian, D. “JELIS, fish oil, and cardiac events.” Lancet Vol. 369, No. 9567 (2007): 1062–1063.
  3. Yokoyama, M., et al; Japan EPA lipid intervention study (JELIS) Investigators. “Effects of eicosapentaenoic acid on major coronary events in hypercholesterolaemic patients (JELIS): a randomised open-label, blinded endpoint analysis” Lancet Vol. 369, No. 9567 (2007): 1090–1098.
  4. Reis, C.E., et al. “Safety in the hypertriglyceridemia treatment with N-3 polyunsaturated fatty acids on glucose metabolism in subjects with type 2 diabetes mellitus.” Nutricion Hospitalaria Vol. 31, No. 2 (2014): 570–576.
  5. Ricciotti, E. and G.A. FitzGerald. “Prostaglandins and Inflammation.” Arteriosclerosis, thrombosis, and vascular biology Vol. 31, No. 5 (2011): 986–1000.
  6. Calder, P.C. “Omega-3 fatty acids and inflammatory processes: from molecules to man.” Biochemical Society Transactions Vol. 45, No. 5 (2017): 1105–1115. doi: 10.1042/BST20160474. [Epub 2017 Sep 12]
  7. Tsunoda, F., et al. “Effects of oral eicosapentaenoic acid versus docosahexaenoic acid on human peripheral blood mononuclear cell gene expression.” Atherosclerosis Vol. 241, No. 2 (2015): 400–408.
  8. Russell, F.D. and C.S. Bürgin-Maunder. “Distinguishing health benefits of eicosapentaenoic and docosahexaenoic acids.” Marine Drugs Vol. 10, No. 11 (2012): 2535–2559.
  9. Grosso, G., et al. “Role of omega-3 fatty acids in the treatment of depressive disorders: a comprehensive meta-analysis of randomized clinical trials.” PLoS One Vol. 9, No. 5 (2014): e96905. doi: 10.1371/journal.pone.0096905. [eCollection 2014]
  10. Sublette, M.E., et al. “Meta-analysis of the effects of eicosapentaenoic acid (EPA) in clinical trials in depression.“ Journal of Clinical Psychiatry Vol. 72, No. 12 (2011): 1577–1584.
  11. Sarris, J., Mischoulon, D., Schweitzer, I. “Omega-3 for bipolar disorder: meta-analyses of use in mania and bipolar depression.” Journal of Clinical Psychiatry Vol. 73, No. 1 (2012): 81–86.
  12. Martins, J.G. “EPA but not DHA appears to be responsible for the efficacy of omega-3 long chain polyunsaturated fatty acid supplementation in depression: evidence from a meta-analysis of randomized controlled trials.” Journal of the American College of Nutrition Vol. 28, No. 5 (2009): 525–542.
  13. Bloch, M.H. and A. Qawasmi. “Omega-3 fatty acid supplementation for the treatment of children with attention-deficit/hyperactivity disorder symptomatology: systematic review and meta-analysis.” Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry Vol. 50, No. 10 (2011): 991–1000.
  14. Liperoti, R., et al. “Omega-3 polyunsaturated fatty acids and depression: a review of the evidence.” Current Pharmaceutical Design Vol. 15, No. 36 (2009): 4165–4172.
  15. Jazayeri, S., et al. “Comparison of therapeutic effects of omega-3 fatty acid eicosapentaenoic acid and fluoxetine, separately and in combination, in major in depressive disorder.” Australian and New Zealand Journal of Psychiatry Vol. 42, No. 3 (2008): 192–198.
  16. Simopoulos, A.P. “Summary of the NATO advanced research workshop on dietary omega 3 and omega 6 fatty acids: biological effects and nutritional essentiality.” Journal of Nutrition Vol. 119, No. 4 (1989): 521–528.
  17. Helland, I.B., et al. “Maternal supplementation with very-long-chain n-3 fatty acids during pregnancy and lactation augments children's IQ at 4 years of age.“ Pediatrics Vol. 111, No. 1 (2003): e39–e44.
  18. Judge, M.P., Harel, O., Lammi-Keefe, C.J. “Maternal consumption of a docosahexaenoic acid-containing functional food during pregnancy: benefit for infant performance on problem-solving but not on recognition memory tasks at age 9 mo.” American Journal of Clinical Nutrition Vol. 85, No. 6 (2007): 1572–1577.
  19. Dunstan, J.A., et al. “Cognitive assessment of children at age 2(1/2) years after maternal fish oil supplementation in pregnancy: a randomised controlled trial.” Archive of Diseases in Childhood: Fetal and Neonatal Edition Vol. 93, No. 1 (2008): F45–F50. [Epub 2006 Dec 21]
  20. Hibbeln, J.R., et al. “Maternal seafood consumption in pregnancy and neurodevelopmental outcomes in childhood (ALSPAC study): an observational cohort study.” Lancet Vol. 369, No. 9561 (2007): 578–585.
  21. Larqué, E., et al. “Placental transfer of fatty acids and fetal implications.” American Journal of Clinical Nutrition Vol. 94, No. 6 Suppl (2011): 1908S–1913S.
  22. Furuhjelm, C., et al. “Fish oil supplementation in pregnancy and lactation may decrease the risk of infant allergy.” Acta Paediatrica Vol. 98, No. 9 (2009): 1461–1467.
  23. Denburg, J.A., et al. “Fish oil supplementation in pregnancy modifies neonatal progenitors at birth in infants at risk of atopy.” Pediatric Research Vol. 57, No. 2 (2005): 276–281.
  24. Olsen, S.F., et al. “Fish oil intake compared with olive oil intake in late pregnancy and asthma in the offspring: 16 y of registry-based follow-up from a randomized controlled trial.” American Journal of Clinical Nutrition Vol. 88, No. 1 (2008): 167–175.

 

 Philip Rouchotas, MSc, ND

 Naturopathe renommé dans la communauté, il est aussi professeur
 associé et rédacteur-en-chef d'Integrated Healthcare Practitioners

 

 

 Heidi Fritz, MA, ND

 Practicienne de naturopathie depuis 2007, elle s'intéresse à la santé
 des femmes et des enfants, à la douleur chronique, et plus.