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Diarrhée du voyageur: prévention et traitement

Quand on part en voyage dans des régions tropicales ou subtropicales, il y a toujours une chance de contracter une infection bactérienne qui se transforme en diarrhée du voyageur. On estime qu’environ 30–50 % des voyageurs contractent une diarrhée du voyageur durant les deux premières semaines à l’étranger [1][2][3].

Cette maladie particulière est spontanément résolutive et ne dure souvent qu’un à trois jours après traitement [1]. Elle peut toutefois durer jusqu’à sept jours chez les personnes qui la laissent suivre son cours normal (parfois plus longtemps, suivant le type d’infection). Les personnes qui en ont souffert peuvent confirmer que ça peut ruiner des vacances, voire empêcher de reprendre le travail après le retour à la maison.

Le responsable de ces infections peut être un virus ou une bactérie, et même un protozoaire, comme le Giardia (lambliase ou giardiase), mais c’est plus souvent la consommation d’une souche pathogène d’Escherichia coli, dans un aliment ou une eau contaminée, qui perturbe le tube digestif.

Les personnes ayant contracté la diarrhée du voyageur vous diront que, contrairement aux maux d’estomac typiques, ce type d’infection peut vous confiner aux toilettes (façon de parler) avec des selles liquides plusieurs fois par jour, accompagnées de nausées, vomissements, crampes abdominales, et parfois de fièvre [1]. Les voyageurs prennent un risque plus grand en consommant des aliments non réfrigérés comme des salades, pas suffisamment cuits, ou provenant de vendeurs ambulants. L’eau du robinet est aussi une source de problèmes pour les personnes qui séjournent pour la première fois dans certaines régions géographiques.

L’augmentation de la prévalence et de la résistance aux antimicrobiens est plus problématique. En effet, certaines bactéries deviennent résistantes aux traitements antibiotiques disponibles [2]. C’est pourquoi l’utilisation prophylactique d’antibiotiques est souvent déconseillée pour la diarrhée du voyageur, car le risque de développer une résistance aux traitements futurs est trop grand. Une étude sur des voyageurs néerlandais en Afrique, en Asie, et en Amérique latine (y compris les Caraïbes) a révélé que 32 % des participants ont contracté une souche résistante à la ciprofloxacine [2], un antibiotique couramment prescrit aux voyageurs qui tombent malades en vacances.

On a aussi constaté l’augmentation d’une résistance à un autre antibiotique, le triméthoprime-sulfaméthoxazole (Bactrim). Ses taux de résistance semblent augmenter dans beaucoup de régions du monde [4].

Les chercheurs estiment que prendre des antibiotiques quand on voyage peut contribuer à augmenter la résistance. Il est donc désormais recommandé aux médecins de limiter la prescription habituelle d’antibiotiques pour les personnes qui voyagent dans les régions susmentionnées [2]. Les probiotiques, pris avant et pendant le voyage, peuvent cependant être recommandés : une méta-analyse d’essais cliniques randomisés a suggéré que certaines souches de probiotiques ont une efficacité de 85 % pour prévenir la diarrhée du voyageur [5]

 

 

Bactéries pathogènes et causes de la diarrhée du voyageur

Quand nous parlons d’E. coli, il est important de noter qu’il existe des dizaines de souches de l’espèce E. coli, chacune affectant le corps différemment. Un tube digestif sain contient une grande quantité de bactéries E. coli commensales [6], mais plusieurs souches peuvent être problématiques pour la santé. Les voici :

·          E. coli entérohémorragique (ECEH) : Peut causer la diarrhée et la colite. Ce type d’infection peut entraîner beaucoup d’autres complications [7].

·          E. coli entéropathogène (ECEP) : Peut causer une diarrhée sérieuse et prolongée, surtout chez les enfants [7].

·          E. coli entérotoxinogène (ECET) : Responsable de centaines de millions d’infections gastro-intestinales chaque année, c’est l’infection bactérienne causant la diarrhée du voyageur la plus courante à travers le monde [1][3][7].

·          E. coli entéroaggrégative (ECEA) : Une cause courante de diarrhée aigüe, surtout chez les enfants des pays en développement et les voyageurs visitant les régions tropicales et subtropicales [8].

La diarrhée du voyageur peut aussi être causée par des virus, comme les norovirus et les rotavirus, ainsi que des protozoaires, comme Giardia et Cryptosporidium[3]. Chaque type d’infection peut se manifester différemment ; par exemple, en cas d’infections virales, les vomissements ont tendance à être un symptôme dominant [3]. Les infections à protozoaires diffèrent de la diarrhée du voyageur typique, car elles peuvent durer plusieurs semaines [3].

 

Prophylaxie et traitement avec des probiotiques

Saccharomyces boulardii est une souche de levure probiotique de l’espèce Saccharomyces cerevisiae. Elle est utilisée pour les troubles gastro-intestinaux infectieux et inflammatoires [7]. Les chercheurs ont trouvé que S. boulardii réduit la virulence bactérienne en se liant aux toxines et pathogènes, et en altérant leur capacité à se déplacer et à passer d’un organe à l’autre [7].

Pour les infections ECEP, S. boulardii s’est avérée éliminer efficacement la bactérie de la circulation sanguine, augmentant ainsi la résistance à ces infections bactériennes [7]. Mais cette « superlevure » fait encore plus que ça ! S. boulardii peut stopper la destruction des cellules du côlon par ECEH en altérant les processus enzymatiques. D’autres études ont montré qu’exposer l’intestin à S. boulardii en prévention peut aider à combattre des infections ultérieures [7]. La levure favorise essentiellement la libération de cytokines antiinflammatoires aux stades précoces de l’infection, contrôlant et soutenant les processus antiinflammatoires [7].

La souche Lactobacillus rhamnosus GG présente aussi des résultats prometteurs pour le traitement de la diarrhée, pour le traitement d’infections gastro-intestinales virales et protozoaires, ainsi que pour le traitement de la diarrhée aigüe [9]. Une étude sur cette souche a suivi des voyageurs en Afrique du Nord et a montré une protection de 12–45 % contre la diarrhée du voyageur [1].

D’autres études ont observé les effets des souches Lactobacillus acidophilus, et si acidophilus peut être bénéfique à la santé du tube digestif, il appert que cette espèce particulière n’offre aucune protection contre la diarrhée du voyageur [4]. Une autre étude a examiné le traitement avec L. acidophilus en cas d’ingestion d’ECTC, et n’a pas trouvé de meilleurs résultats qu’avec un placébo [10].

Alors, quelle dose est suffisante ? Quand les probiotiques sont conditionnés sous forme de gélules contenant des millions ou des milliards d’unités formant colonies (UFC), il peut être difficile de savoir quelle dose sera efficace. La plupart des études sur S. boulardii ont utilisé des doses entre 40 et 200 milliards d’UFC, et le traitement a commencé plusieurs jours à une semaine avant le voyage, et s’est poursuivi durant le séjour [5][11].

Afin de pouvoir maintenir ces doses, il est important d’utiliser des produits qui contiennent des préparations lyophilisées de S. boulardii, plutôt que des préparations séchées à la chaleur. La version lyophilisée de S. boulardii bénéficie d’une longue conservation, c’est-à-dire que le produit conserve sa puissance à température ambiante, et ne nécessite pas de réfrigération pour demeurer opérationnel [11].

 

Autres traitements

Le Dukoral est une préparation pharmaceutique disponible en pharmacie (sans ordonnance) au Canada. C’est un vaccin à germes entiers inactivés qui protège contre le choléra et, dans une moindre mesure, contre les infections ECET. Un rapport a montré que le Dukoral apporte 28 % de protection contre la diarrhée du voyageur [1].

Par ailleurs, le bismuth (aussi appelé « liquide rose ») s’est avéré affecter positivement la diarrhée du voyageur ; mais il est bien moins efficace que d’autres traitements, avec une réduction de 16–18 % des symptômes [1]. Le laps de temps avant de sentir l’effet de soulagement du bismuth peut aussi être bien plus long quand on souffre de diarrhée [1].

Le lopéramide (marque de commerce Imodium) est un médicament populaire en vente libre utilisé en cas de diarrhée, et il peut soulager les cas légers de diarrhée. Mais en cas de diarrhée forte ou sanglante, ou encore en cas de fièvre, le lopéramide ainsi que le bismuth devraient être évités [3].

Autre option complémentaire : le gingembre, qui s’avère réduire les symptômes associés au mal des transports, et qui contient aussi des éléments antiinflammatoires en plus de ses effets antiulcère, analgésique, et antimicrobien [5].

Les antibiotiques ont certainement leur place, et beaucoup se sont avérés efficaces pour réduire la durée de la diarrhée du voyageur [3][4], mais leur utilisation nécessite une bonne évaluation par un médecin. Tous les antibiotiques ne se valent pas, et le choix dépend de plusieurs facteurs pour déterminer lequel convient le mieux, au cas par cas.

Le plus important est de maintenir une bonne hydratation : la diarrhée du voyageur peut entrainer une déshydratation grave, surtout s’il est impossible de consommer de l’eau par voie orale. Pour les enfants et les personnes âgées, la réhydratation par intraveineuse peut alors devenir nécessaire [1].

Contrairement à la croyance populaire, les breuvages tels que Gatorade et les jus ne sont pas des solutions adéquates pour s’hydrater et remplacer les électrolytes. Ces boissons contiennent trop de sucre et pas assez de sel pour en faire des options valables en cas de déshydratation causée par la diarrhée [1].

Il est aussi recommandé d’éviter les produits laitiers après l’apparition des symptômes, car l’infection peut créer une carence transitoire de lactase, ce qui provoque une intolérance temporaire ou permanente au lactose [3].

Bien que la plupart des cas soient spontanément résolutifs, certaines situations requièrent des soins médicaux, spécialement si l’apport oral en liquide ne peut être maintenu. Les signes indiquant des infections plus graves sont par exemple la fièvre persistante, les frissons, et la diarrhée sanglante [1].

En voyage, quand on combine le stress, le décalage horaire, et la consommation d’aliments et d’eaux inhabituels, on a de fortes chances de contracter une souche microbienne pathogène. C’est d’autant plus probable lorsque l’on a déjà, avant de partir, une flore intestinale déséquilibrée ou en mauvaise santé [5]. Prendre des souches de probiotiques comme S. boulardii avant et pendant le voyage peut aider à augmenter la résistance aux infections pathogènes à E. coli, et semble être un traitement préventif sûr et adéquat de la diarrhée du voyageur.

Maintenir une bonne hydratation est crucial pendant la maladie, car ces infections entrainent la perte d’une quantité d’eau relativement importante en peu de temps. Si la plupart des cas se résolvent d’eux-mêmes en deux à sept jours, il est important de surveiller l’apparition éventuelle d’autres symptômes inquiétants qui justifieraient une visite chez le médecin ou aux urgences.

 

Références

1.        Giddings, S.L., et autres. « Traveler’s diarrhea. » The Medical Clinics of North America, Vol. 100, N° 2 (2016): 317–330.
2.        Reuland, E.A., et autres. « Travel to Asia and traveller’s diarrhoea with antibiotic treatment are independent risk factors for acquiring ciprofloxacin-resistant and extended spectrum β-⁠lactamase-producing Enterobacteriaceae—a prospective cohort study. » Clinical Microbiology and Infection, Vol. 22, N° 8 (2016): 731.e1–731.e7.
3.        Goldsmid, J.M., et P.A. Leggat. « The returned traveller with diarrhoea. » Australian Family Physician, Vol. 36, N° 5 (2007): 322–327.
4.        DuPont, H.L., et autres. « Expert review on the evidence base for prevention of travelers’ diarrhea. » Journal of Travel Medicine, Vol. 16, N° 3 (2009): 149–160.
5.        Cohen, M. « Traveller’s “funny tummy”—Reviewing the evidence for complementary medicine. » Australian Family Physician, Vol. 36, N° 5 (2007): 225–226.
6.        Conway, T., et P.S. Cohen. « Commensal and pathogenic Escherichia coli metabolism in the gut. » Microbiology Spectrum, Vol. 3, N° 3 (2015).
7.        Stier, H., et S.C. Bischoff. « Influence of Saccharomyces boulardii CNCM I-⁠745 on the gut-associated immune system. » Clinical and Experimental Gastroenterology, Vol. 9 (2016): 269–279.
8.        Lin, P.P, et autres. « Antagonistic activity of Lactobacillus acidophilus RY2 isolated from healthy infancy feces on the growth and adhesion characteristics of enteroaggregative Escherichia coli. » Anaerobe, Vol. 15, N° 4 (2009): 122–126.
9.        Sindhu, K.N., et autres. « Immune response and intestinal permeability in children with acute gastroenteritis treated with Lactobacillus rhamnosus GG: A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. » Clinical Infectious Diseases, Vol. 58, N° 8 (2014): 1107–1115.
10.     Ouwehand, A.C., et autres. « Lactobacillus acidophilus supplementation in human subjects and their resistance to enterotoxigenic Escherichia coli infection. » The British Journal of Nutrition, Vol. 111, N° 3 (2014): 465–473.
11.     McFarland, L.V. « Systematic review and meta-analysis of Saccharomyces boulardii in adult patients. » World Journal of Gastroenterology, Vol. 16, N° 18 (2010): 2202–2222.
12.     Brezina, P.R., et autres. « Preimplantation genetic testing for anueoploidy: What technology should you use and what are the differences? » Journal of Assisted Reproduction and Genetics, Vol. 33, N° 7 (2016): 823–832.
 
 

Dre Sarah King, ND

La Dre King croit en une approche holistique de la santé;
regardant à la fois les causes physiques et mentales du
déséquilibre.