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Les modifications parodontales au cours de la grossesse et le gandouch


Vous n’êtes pas sans savoir que le nettoyage des dents est essentiel à l’hygiène buccale, mais saviez-vous qu’il peut aussi améliorer le bienêtre de tout l’organisme ? Le brossage des dents et le passage de la soie dentaire au quotidien sont indispensables à l’entretien de nos dents et de nos gencives, mais s’avèrent sans doute encore plus importants pour la femme enceinte et pour celle qui veut le devenir.

Il faut savoir que la bouche n’est pas un simple orifice conduisant à l’estomac et au tube digestif, mais qu’elle est aussi la porte d’entrée de certaines substances vers notre sang. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi on doit prendre des antibiotiques lors de certains soins dentaires ? Ou pourquoi les antibiotiques sont si importants en cas d’angine (pharyngite à streptocoque) ? Certainement pas pour notre santé buccale, mais pour celle de notre cœur ! Une simple infection de la bouche ou de la gorge peut facilement se propager dans le sang et atteindre les valvules du cœur, provoquant des troubles rhumatismaux, des inflammations cardiaques, et des douleurs thoraciques [1]. Ces mêmes infections, si récurrentes, peuvent entrainer des lésions au niveau des valvules cardiaques et ne sont qu’un exemple de la façon dont la santé buccale peut affecter notre santé générale. Des études ont établi un lien entre les infections et les inflammations buccales chroniques et le diabète, les affections pulmonaires, le risque d’accident vasculaire cérébral, le faible poids à la naissance, et les naissances prématurées [2][3][4]. On a pu associer, par ailleurs, chez les femmes notamment, la mauvaise hygiène buccale avec les troubles cardiovasculaires, la stérilité, et l’ostéoporose [4].

 

Affections parodontales et inflammation

Les maladies parodontales impliquent des processus inflammatoires qui provoquent la destruction du tissu conjonctif et du tissu osseux qui porte les dents [4]. Elles comprennent la gingivite, qui est liée à une inflammation des gencives ou à des hémorragies gingivales, et la parodontite, une inflammation de la structure et des tissus entourant la dent [3].

Les parodontopathies sont provoquées le plus souvent par la présence et la prolifération de microorganismes spécifiques [5]. La présence de plaque dentaire, qui abrite ces groupes de microorganismes, suscite une réponse immunitaire et la production de cytokines inflammatoires, ainsi que de dérivés réactifs de l’oxygène (DRO) parmi lesquels les plus connus et délétères radicaux libres. L’inflammation qui en résulte provoque des lésions des tissus de support [5], aboutissant par exemple à la rétractation des gencives et, ultimement, à la perte de dents. Le risque de contracter ces maladies augmente lorsque l’hygiène buccale est négligée et que la plaque dentaire subsiste autour des dents et du rebord gingival [5].

 

 

Santé buccodentaire et grossesse

Les microorganismes buccodentaires sont responsables d’une grande partie des processus inflammatoires de la cavité buccale. Certaines souches bactériennes peuvent déclencher une cascade inflammatoire dans le tissu parodontal, entrainant un risque accru de gingivite et de parodontite [6].

Bien que le mécanisme n’en soit pas encore bien compris, il semble que l’état de santé buccodentaire se modifie au cours de la grossesse. Des études ont montré une augmentation progressive de l’incidence des gingivites entre le premier et le troisième trimestres [7], et environ 50 à 75 % des femmes enceintes contractent une gingivite [3], d’où l’attention que l’on doit porter à l’éducation et à la pratique de l’hygiène buccale en période prénatale — dans l’intérêt de la mère et du bébé.

Une des théories pour expliquer ce phénomène est que l’augmentation et la modification des hormones sexuelles pendant la grossesse agissent sur les réponses du système immunitaire. On suppose en effet qu’un lien existe, puisque le tissu gingival contient des récepteurs d’estrogènes et de progestérone d’une part, et que l’on observe une plus forte réaction gingivale à la plaque dentaire au cours de la grossesse d’autre part. En ce qui concerne le système immunitaire, la recherche a montré que l’activité des lymphocytes T, la phagocytose des neutrophiles, et la production des anticorps diminuaient pendant la grossesse, et que la réponse des lymphocytes était en général altérée. On pense aujourd’hui que ces altérations du système immunitaire pourraient être un facteur des modifications de l’état buccal et gingival, dans la mesure où les tissus sont affectés par des changements touchant la progestérone et les estrogènes circulants [7].

Les tissus parodontaux atteints d’inflammation, comme dans la gingivite, présentent des marqueurs caractéristiques d’un stress oxydatif accru [6]. On observe cela non seulement dans les tissus, mais aussi systématiquement dans le plasma et les globules rouges [6]. Une étude a révélé que les marqueurs de stress oxydatif dans les échantillons de salive étaient plus nombreux chez les femmes enceintes que dans le groupe de contrôle. Non seulement la grossesse semble responsable d’un accroissement du stress oxydatif global, mais la coïncidence d’une affection parodontale et d’une inflammation augmenterait encore plus le besoin d’une réponse antioxydante.

Il faut se rappeler que l’organisme travaille constamment à neutraliser les DRO avec des antioxydants. Si ce n’est pas le cas, des lésions tissulaires locales ou systémiques peuvent se produire, mais leur ampleur est incertaine.

L’un des moyens pour aider l’organisme à maintenir l’équilibre entre DRO et antioxydants est d’incorporer des antioxydants dans l’alimentation, sous forme de vitamines C et E [5]. Les baies, en particulier, sont une bonne source d’antioxydants, et devraient être favorisées dans l’alimentation [5]. Par ailleurs, une diminution du sucre, surtout raffiné, peut aider à éviter la prolifération des colonies de microorganismes et à réduire la formation de la plaque dentaire [5].

 

Améliorer la santé parodontale

Éviter la formation de la plaque dentaire et éliminer celle-ci de la surface et des interstices entre les dents par l’utilisation de la soie dentaire reste l’une des meilleures façons de prévenir la destruction des tissus parodontaux par l’inflammation et les DRO.

En outre, des résultats positifs concernant l’état des gencives ont été observés grâce à la pratique du « gandouch ». Le gandouch est un soin traditionnel indien, consistant à faire tourner dans la bouche de l’huile de coco, de sésame, ou de tournesol dans le but de renforcer les dents et les gencives [9][10]. Le gandouch permet aussi de lutter contre l’halitose (mauvaise haleine), et de prévenir et de traiter les saignements des gencives ainsi que la sècheresse buccale [9].

Comment est-ce que cela fonctionne ? Certains disent que l’huile elle-même a des propriétés qui aident à éliminer les bactéries et qu’elle favorise la santé globale. Par exemple, les lignanes présents dans l’huile de sésame ont certaines propriétés antioxydantes. Néanmoins, l’une des meilleures théories sur le fonctionnement du gandouch repose sur la saponification et l’émulsification de l’huile, qui alors nettoie mécaniquement les dents en englobant et en piégeant les bactéries et les toxines jusqu’à ce que vous puissiez cracher ces petits « paquets » de microorganismes [11].

Des études ont montré que le gandouch réduit significativement la plaque et les gingivites que cette dernière provoque [9][10]. On a établi que cette pratique était aussi efficace que le rince-bouche à la chlorhexidine pour la prévention de la gingivite due à la plaque dentaire [9], sans toutefois le risque de jaunissement des dents et des surfaces buccales, courant dans le cas d’un usage chronique de la chlorhexidine [10][12]. Cette dernière a également l’effet secondaire potentiel de modifier les perceptions gustatives de l’utilisateur [12]. Le gandouch est donc une alternative naturelle pertinente et efficace pour les personnes qui ont éprouvé les effets secondaires du rince-bouche à la chlorhexidine, ou qui présentent une sensibilité à l’alcool éthanol ou aux colorants alimentaires artificiels [13].

 

 

Mode d’emploi du gandouch

Il est préférable de faire le gandouch le matin au lever, avant le petit-déjeuner et le brossage des dents. Commencez par prendre une cuillerée d’huile, puis faites-la tourner dans votre bouche pendant 10 à 15 minutes, mais sans l’avaler ! L’huile utilisée pour nettoyer la bouche se chargeant de toxines et de bactéries, il est important de ne pas l’ingérer dans l’organisme. L’huile va se mélanger à la salive ; ne vous inquiétez donc pas si elle se liquéfie et prend une couleur laiteuse : c’est normal [9]. Une fois le temps écoulé, recrachez l’huile et le contenu de votre bouche, puis lavez-vous les dents normalement.

 

Conclusions

L’hygiène buccale et parodontale est fondamentalement liée à la santé globale. La visite chez le dentiste est souvent associée à la crainte qu’il nous trouve des caries, ou qu’il réalise des plombages ou d’autres opérations douloureuses. Afin d’éviter ces désagréables sensations ou traitements, l’hygiène buccodentaire quotidienne ne doit pas être négligée. C’est particulièrement vrai pendant la grossesse, au cours de laquelle les modifications des réponses immunitaires, dues à l’augmentation de la progestérone et des estrogènes, risquent d’altérer la réaction gingivale à la plaque dentaire, et conséquemment d’augmenter l’incidence des gingivites et des affections parodontales. N’hésitez pas à demander à un hygiéniste dentaire de vous réexpliquer les techniques d’utilisation du fil dentaire, et surtout, effectuez religieusement et chaque jour votre nettoyage dentaire pendant la grossesse. En complément et dans l’intérêt de vos dents et de vos gencives, essayez d’introduire le gandouch parmi vos habitudes quotidiennes d’hygiène buccodentaire.

 

Références

1.  Gladwin, M., et B. Trattler. Clinical microbiology made ridiculously simple, 6th edition. Miami: MedMaster, 2013, 403 p, ISBN 978-⁠1-⁠9356-⁠6015-⁠6.
2.  Paquette, D.W., et autres. « Dentists’ knowledge and opinions of oral-systemic disease relationships: Relevance to patient care and education. » Journal of Dental Education, Vol. 79, N° 6 (2015): 626–635.
3.  Hartnett, E., et autres. « Oral health in pregnancy. » Journal of Obstetric, Gynecologic, and Neonatal Nursing, Vol. 45, N° 4 (2016): 565–573.
4.  Martelli, M.L., et autres. « Periodontal disease and women’s health. » Current Medical Research and Opinion, Vol. 33, N° 6 (2017): 1005–1015.
5.  Najeeb, S., et autres. « The role of nutrition in periodontal health: An update. » Nutrients, Vol. 8, N° 9 (2016): pii: E530.
6.  Gümüş, P., et autres. « Oxidative stress markers in saliva and periodontal disease status: Modulation during pregnancy and postpartum. » BMC Infectious Diseases, Vol. 15 (2015): 261.
7.  Gonzalez-Jaranay, M., et autres. « Periodontal status during pregnancy and postpartum. » PLoS One, Vol. 12, N° 5 (2017): e0178234.
8.  Reza Karimi, M., et al. « The relationship between maternal periodontal status of and preterm and low birth weight infants in Iran: A case control study. » Global Journal of Health Science, Vol. 8, N° 5 (2015): 184–188.
9.  Asokan, S., et autres. « Effect of oil pulling on plaque induced gingivitis: A randomized, controlled, triple-blind study. » Indian Journal of Dental Research, Vol. 20, N° 1 (2009): 47–51.
10.  Peedikavil, F.C., et autres. « Effect of coconut oil in plaque related gingivitis—A preliminary report. » Nigerian Medical Journal, Vol. 56, N° 2 (2015): 143–147.
11.  Asokan, S., et autres. « Mechanism of oil-pulling therapy—In vitro study. » Indian Journal of Dental Research, Vol. 22 N° 1 (2011): 34–37.
12.  3M. Peridex - chlorhexidine gluconate mouthwash · http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2013/019028s020lbl.pdf · Mise à jour le 2013-⁠01.
13.  Kaushik, M., et autres. « The effect of coconut oil pulling on streptococcus mutant count in saliva in comparison with chlorhexidine mouthwash. » The Journal of Contemporary Dental Practice, Vol. 17, N° 1 (2016): 38–41.

 

 

Dre Sarah King, ND

La Dre King croit en une approche holistique de la santé;
regardant à la fois les causes physiques et mentales du
déséquilibre.