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Le gingembre : un magicien méconnu

Le gingembre (Zingiber officinale) est une plante souvent considérée comme secondaire par rapport à d’autres plantes anti-inflammatoires comme le curcuma ou le Boswellia. Son usage est pourtant très ancien, et il est au moins aussi étudié que ces autres plantes. Traditionnellement, le gingembre est utilisé pour ses effets tonifiants sur le système digestif, ainsi que pour traiter l’inflammation et les douleurs. On l’utilise en Chine depuis des millénaires contre les maux de tête, les nausées et le rhume, et dans le bassin méditerranéen pour traiter les douleurs musculaires et l’arthrite [1].

Mode d’action

Le gingembre renferme des composés phénoliques appelés gingérols, le 6-gingérol étant sans doute le plus bioactif [2]. En ce qui concerne les nausées, par exemple, on a pu montrer dans les modèles précliniques que le 6-gingérol exerce une action antiémétique en inhibant les récepteurs de la neurokinine-1, de la sérotonine et de la dopamine [3]. Le 6-gingérol a également montré des effets anticancéreux notables, notamment antiprolifératifs, anti-tumoraux, anti-invasifs et anti-inflammatoires [2].

Données

Plusieurs méta-analyses ont évalué l’utilisation du gingembre contre des affections telles que les nausées de divers types, les douleurs menstruelles (dysménorrhées), l’arthrose, ainsi que contre le diabète de type 2 [4][5][6][7][8]. Les doses de gingembre utilisées dans ces études allaient de 500 à 2000 mg par jour. Les essais randomisés contrôlés (ERC) et les méta-analyses ont démontré une efficacité dans les cas suivants :

  • Nausées et vomissements liés à la grossesse
  • Nausées post-opératoires
  • Nausées dues aux chimiothérapies
  • Mal des transports
  • Dyspepsie fonctionnelle – transit gastrique
  • Arthrose
  • Dysménorrhée primaire (douleur menstruelle)
  • Diabète de type 2 – HgbA1c
  • Possibles effets préventifs contre le cancer colorectal

Les nausées

Concernant les nausées, les méta-analyses ont démontré l’efficacité d’une supplémentation en gingembre contre les nausées et vomissements de la grossesse (NVG) et les nausées post-opératoires [7][8][9]. Une méta-analyse en réseau de 50 ERC comparant divers traitements des NVG a révélé que « l’acupuncture, la camomille, le diménhydrinate (Gravol), la pyridoxine-doxylamine (Diclectin), le gingembre, le coing, la métoclopramide, et la vitamine B6 présentent des propriétés de réduction des nausées, par rapport à un placebo. Parmi ces traitements, le gingembre et la vitamine B6 sont aussi associés à un meilleur contrôle des vomissements et à une moindre incidence d’effets indésirables. Les preuves suffisantes n’existent que pour le gingembre, avec une qualité moyenne des données à l’appui de cette comparaison » [7]. Le programme « Motherisk » de l’Hospital for Sick Children considère que l’utilisation de gingembre contre les nausées de la grossesse est sans danger [10].

Une méta-analyse de 2018 portant sur 10 ERC sur les nausées et vomissements post-opératoires a montré que le gingembre avait des effets significatifs, mesurés sur une échelle visuelle analogique (EVA), sur ces NVPO [8]. Une méta-analyse de 2006 portant sur 5 ERC concluait que « le gingembre est associé à une réduction du risque de nausées et vomissements d’environ 30 à 40% » [9], un gramme semblant constituer la dose efficace.

On manque de méta-analyses évaluant l’effet du gingembre sur les nausées dues aux chimiothérapies, bien que plusieurs essais cliniques suggèrent qu’il pourrait être efficace en complément du traitement antiémétique standard utilisé en cas de chimiothérapie [3][11][12]. D’autres ERC n’ont pas montré d’efficacité, tout en indiquant que le gingembre avait un bon profil d’innocuité, aucun effet indésirable n’étant lié à son utilisation [3][12].

Un essai randomisé croisé concernant 13 patients ayant des antécédents de mal des transports a révélé qu’un traitement préventif au gingembre réduisait les symptômes déclenchés par un test spécifique [13]. Plus précisément, un traitement préventif de 1000 et 2000 mg de gingembre a permis de réduire les nausées, la tachygastrie (augmentation du rythme de l’activité électrique dans l’estomac en lien avec la nausée) et le taux plasmatique de vasopressine, par rapport à un placebo, après un test de vection. Le gingembre a également différé le déclenchement des nausées et accéléré le rétablissement après la fin du test.

Un essai randomisé contrôlé avec 11 patients souffrant de dyspepsie fonctionnelle a évalué l’effet d’une dose unique (1,2 g) de gingembre ou d’un placebo après un jeûne de 8 heures suivi d’une soupe [14]. Les résultats indiquent que si une dose unique n’entraine aucun effet sur les symptômes de dyspepsie (malaise, gaz, ballonnements, etc.), cette même dose de gingembre suffit pour augmenter la vidange gastrique par rapport à un placebo, de sorte que le temps médian d’une demi-vidange est de 12,3 minutes avec du gingembre, contre 16,1 minutes avec un placebo.

La douleur

En ce qui concerne la douleur liée à des affections telles que la dysménorrhée ou l’arthrose, le gingembre a permis de réduire le taux de cytokines inflammatoires [15], ainsi que la douleur, aussi efficacement qu’un AINS (l’ibuprofène) [16] lors d’essais randomisés. Une méta-analyse de 2015 de 7 ERC évaluant les douleurs menstruelles (dysménorrhées) a montré que 750 à 2000 mg de gingembre pendant les premiers 3 ou 4 jours du cycle menstruel étaient efficaces contre la dysménorrhée primaire [5]. Une autre méta-analyse portant sur 5 ERC et 593 patients a montré que le gingembre réduisait, de façon modérée mais fiable, la douleur et l’incapacité dues à l’arthrose [4].

Le diabète

Une méta-analyse de 8 ERC portant sur 454 patients atteints d’un diabète de type 2 a révélé que si le gingembre n’a pas d’effet sur la glycémie à jeun, la prise quotidienne de gingembre (de 1600 à 4000 mg) est associée à une réduction significative de l’HgbA1c [17].

Le cancer

Enfin, des données préliminaires semblent indiquer que le gingembre pourrait avoir des effets anti-inflammatoires et anticancéreux sur le revêtement du tube digestif, avec un impact possible sur le risque de cancer colorectal.

Le gingembre, et notamment le 6-gingérol agit sur plusieurs processus de signalisation cellulaire, dont Bax/Bcl2, p38/MAPK, Nrf2, p65/NF-κB, TNF-α, ERK1/2, SAPK/JNK, ROS/NF-κB/COX-2, caspases-3, -9, et p53 [2]. « Cela suggère que des dérivés du gingembre, sous forme d’extrait ou de composants isolés, présentent des propriétés antiprolifératives, anti-tumorales, anti-invasives et anti-inflammatoires intéressantes » [2].

Plusieurs études cliniques ont évalué l’effet du gingembre pour prévenir le développement du cancer colorectal chez les patients à risque [18][19][20][21]. Certaines d’entre elles — mais pas toutes [21] — mettent en évidence de potentiels effets préventifs anticancéreux par inhibition de la cyclo-oxygénase-2 (COX-2) et réduction de la prostaglandine PGE2, une cytokine pro-inflammatoire associée au déclenchement du cancer colorectal, dans la muqueuse colique [20].

Un ERC portant sur des patients présentant un risque de cancer colorectal a montré qu’une supplémentation à 2 g/j de gingembre pendant 28 jours modifiait l’expression des biomarqueurs du cycle cellulaire dans les cryptes colorectales de biopsies de la muqueuse rectale [18]. L’étude conclut que « le gingembre pourrait réduire la prolifération dans l’épithélium colorectal normal et favoriser l’apoptose et la différenciation cellulaire au détriment de la prolifération – en particulier dans la zone de différenciation des cryptes » [18]. Des recherches supplémentaires, notamment des études plus longues, seraient nécessaires dans ce domaine.

Pour conclure, le gingembre a fait l’objet de nombreuses recherches concernant les nausées, notamment celles qui sont dues à la grossesse, au mal des transports, voire à la dyspepsie fonctionnelle ; les douleurs menstruelles et celles dues à l’arthrose ; le diabète de type 2 ; et enfin, potentiellement, la prévention du cancer. Les patients consulteront un professionnel de santé pour déterminer si le gingembre convient à leur situation.

Références

  1. Kalantari, K., et al. “A Review of the Biomedical Applications of Zerumbone and the Techniques for Its Extraction from Ginger Rhizomes.” Molecules, Vol. 22, No. 10 (2017): E1645.
  2. de Lima, R.M.T., et al. “Protective and therapeutic potential of ginger (Zingiber officinale) extract and [6]-⁠gingerol in cancer: A comprehensive review.” Phytotherapy Research, Vol. 32, No. 10 (2018): 1885–1907.
  3. Konmun, J., et al. “A phase II randomized double-blind placebo-controlled study of 6-gingerol as an anti-emetic in solid tumor patients receiving moderately to highly emetogenic chemotherapy.” Medical Oncology, Vol. 34, No. 4 (2017): 69.
  4. Bartels, E.M., et al. “Efficacy and safety of ginger in osteoarthritis patients: a meta-analysis of randomized placebo-controlled trials.” Osteoarthritis and Cartilage, Vol. 23, No. 1 (2015): 13–21.
  5. Daily, J.W., et al. “Efficacy of Ginger for Alleviating the Symptoms of Primary Dysmenorrhea: A Systematic Review and Meta-analysis of Randomized Clinical Trials.” Pain Medicine, Vol. 16, No. 12 (2015): 2243–2255.
  6. Huang, F.Y., et al. “Dietary ginger as a traditional therapy for blood sugar control in patients with type 2 diabetes mellitus: A systematic review and meta-analysis.” Medicine, Vol. 98, No. 13 (2019): e15054.
  7. Sridharan, K., and G. Sivaramakrishnan. “Interventions for treating nausea and vomiting in pregnancy: a network meta-analysis and trial sequential analysis of randomized clinical trials.” Expert Review in Clinical Pharmacology, Vol. 11, No. 11 (2018): 1143–1150.
  8. Tóth, B., et al. “Ginger (Zingiber officinale): An alternative for the prevention of postoperative nausea and vomiting. A meta-analysis.” Phytomedicine, Vol. 50 (2018): 8–18.
  9. Chaiyakunapruk, N., et al. “The efficacy of ginger for the prevention of postoperative nausea and vomiting: a meta-analysis.” Am J Obstet Gynecol. 2006 Jan;194(1):95-9.
  10. Einarson, A., et al. “Treatment of nausea and vomiting in pregnancy: an updated algorithm.” Canadian Family Physician, Vol. 53, No. 12 (2007): 2109–2111.
  11. Arslan, M., and L. Ozdemir. “Oral intake of ginger for chemotherapy-induced nausea and vomiting among women with breast cancer.” Clinical Journal of Oncology Nursing, Vol. 19, No. 5 (2015): E92–E97.
  12. Marx, W., et al. “The Effect of a Standardized Ginger Extract on Chemotherapy-Induced Nausea-Related Quality of Life in Patients Undergoing Moderately or Highly Emetogenic Chemotherapy: A Double Blind, Randomized, Placebo Controlled Trial.” Nutrients, Vol. 9, No. 8 (2017): E867.
  13. Lien, H.C., et al. “Effects of ginger on motion sickness and gastric slow-wave dysrhythmias induced by circular vection.” American Journal of Physiology. Gastrointestinal and Liver Physiology, Vol. 284, No. 3 (2003): G481–G489.
  14. Hu, M.L., et al. “Effect of ginger on gastric motility and symptoms of functional dyspepsia.” World Journal of Gastroenterology, Vol. 17, No. 1 (2011): 105–110.
  15. Mozaffari-Khosravi, H., et al. “Effect of Ginger Supplementation on Proinflammatory Cytokines in Older Patients with Osteoarthritis: Outcomes of a Randomized Controlled Clinical Trial.” Journal of Nutrition in Gerontology and Geriatrics, Vol. 35, No. 3 (2016): 209–218.
  16. Adib Rad, H., et al. “Effect of Ginger and Novafen on menstrual pain: A cross-over trial.” Taiwan Journal of Obstetrics and Gynecology, Vol. 57, No. 6 (2018): 806–809.
  17. Huang, F.Y., et al. “Dietary ginger as a traditional therapy for blood sugar control in patients with type 2 diabetes mellitus: A systematic review and meta-analysis.” Medicine, Vol. 98, No. 13 (2019): e15054.
  18. Citronberg, J., et al. “Effects of ginger supplementation on cell-cycle biomarkers in the normal-appearing colonic mucosa of patients at increased risk for colorectal cancer: results from a pilot, randomized, and controlled trial.” Cancer Prevention Research, Vol. 6, No. 4 (2013): 271–281.
  19. Jiang, Y., et al. “Effect of ginger root on cyclooxygenase-⁠1 and 15-⁠hydroxyprostaglandin dehydrogenase expression in colonic mucosa of humans at normal and increased risk for colorectal cancer.” European Journal of Cancer Prevention, Vol. 22, No. 5 (2013): 455–460.
  20. Zick, S.M., et al. “Phase II study of the effects of ginger root extract on eicosanoids in colon mucosa in people at normal risk for colorectal cancer.” Cancer Prevention and Research, Vol. 4, No. 11 (2011): 1929–1937.
  21. Zick, S.M., et al. “Pilot clinical study of the effects of ginger root extract on eicosanoids in colonic mucosa of subjects at increased risk for colorectal cancer.” Molecular Carcinogenesis, Vol. 54, No. 9 (2015): 908–915.